La typologie en 5 catégories (attentistes, impressionnistes, externaliseurs, intégrateurs, transformateurs) décrite dans le livre Transformation digitale peut être reprise pour les banques. Beaucoup entrent dans la catégorie des impressionnistes en tentant d’occuper le terrain médiatique, en étant actif sur les réseaux sociaux. Pour autant, il n’existe pas à proprement parler de transformateur. Certaines banques françaises ont des filiales assez dynamiques dans la transformation digitale pour être dans la mouvance des externaliseurs (par exemple EasyBourse au sein de La Banque Postale, même si elle vient cannibaliser La Banque Postale). La Société Générale, qui a acquis Boursorama, un des pionniers en France de la banque en ligne est dans ce cas un bon exemple d’intégrateur. Certaines banques se dotent de structures d’innovation agiles comme le Crédit Mutuel Arkéa mais surtout la BNP Paribas avec L’Atelier mais il reste à transformer ce think tank en do tank pour être véritablement créateur de valeur et générateur de nouveaux services pour la banque de demain.
Les banques, dans leur ensemble, lancent des expérimentations souvent sous forme de PoC, s’orientent vers plus de services sur mobile tout en maîtrisant davantage la sécurité par rapport aux risques sur smartphones insuffisamment protégés (code d’accès au smartphone à 4 voire 6 chiffres). Toutefois rares sont celles qui, par exemple, affichent pour la vision des opérations effectuées sur les comptes un rendu en quasi temps réel. Ainsi la banque HSBC dont le siège est à Londres permet lors d’une opération de paiement sur carte bancaire de la rendre visible sur son compte en ligne quasi-immédiatement alors que les remontées dans les systèmes d’information de La Banque Postale sont opérées en J +1 voire J + 2 du fait de bases de données plus lourdes et complexes. Une réelle difficulté tient à la migration des données historiques dans des systèmes plus agiles à la mode Web.
Par ailleurs on dénote une cohabitation de pratiques nouvelles avec des archaïsmes comme des banques qui facturent des frais de tenues de compte ce qui équivaut à générer des intérêts négatifs. La tendance est plutôt pour les générations Y et Z, qui sont les clients en développement pour aujourd’hui et demain, d’être dans l’esprit des GAFA : gratuité d’utilisation contre exploitation des données. Ainsi il ne serait pas utopique pour les banques de proposer la gratuité de la carte bancaire contre une revente à des tiers des données collectées lors des transactions. C’est le sens du big data. L’acceptation sera en revanche plus difficile d’un point de vue culturel par les générations X et antérieures.
Enfin, l’aspect forte éclosion des fintechs et le développement du crowdfunding sans compter les évolutions d’ordre légal et juridique impactent fortement les banques et leur stratégie. Des initiatives sont faites au cas par cas par les grandes banques françaises. Mais il reste à passer à la vitesse supérieure pour ne pas se faire ubériser un jour prochain… Sans compter la généralisation dans de multiples sphères des crypto-monnaies à la bitcoin, des systèmes de paiement PayPal rapides et peu contraignants, etc.
Dans le cadre de nos travaux et afin d’alimenter nos réflexions mutuelles, tout retour d’expérience dans la transformation digitale des banques nous intéresse au plus haut point.